Histoire et patrimoine

Histoire et patrimoine

Les légendes de la nawa

Soubré

Ses premiers habitants se sont installés vers 1890 aux abords de la Nawa, appelé aujourd’hui fleuve Sassandra. Ils vivaient de la chasse et de la pêche. En 1903, le fleuve Sassandra, voie de communication fluviale de prédilection, permettait aux explorateurs de parcourir la Région. Le poste de Guideko (actuel Yabayo) fut transféré à Soubré non loin de ce cours d’eau. Une colonie française à la recherche de l’implantation d’un chef-lieu rencontra deux pêcheurs du village de Soubouo. Interrogés sur le nom du lieu, ils répondent paniqués et en guise de mise en garde : «Bêlê Sôbli» qui signifie en langue Bété, «Nous ne sommes pas que deux». C’est de la déformation de cette réponse que vient l’appellation de Soubré.

Mayo

Le totem de Mayo aurait pour origine une histoire d’amour entre un fils de Mayo et une jeune fille originaire du village de Bakayo. La jeune fille aurait demandé à son prétendant de suivre ses principes, afin de pouvoir l’épouser. Le jeune homme adopta donc le totem de son épouse, l’escargot. Depuis ce temps, les enfants de Mayo ne mangent plus d’escargot, à l’exception des fils du village de Lebotroa qui, en réalité, ne sont pas issus de la tribu MAYO. Leur présence dans le regroupement des villages s’explique par la bonne volonté de Charles Bauza DONWAHI qui accepta d’associer ses voisins au projet de développement de Mayo.

 

Grand Zattry

Malgré l’absence de son frère DAGROU Maurice, détenu à la prison de YAMOUSSOUKRO avec d’autres figures politiques ivoiriennes, dont Charles Bauza DONWAHI, ZOUZOUA Gbagodou Ouguéhi Augustin ne baissa pas les bras. Il poursuivit son œuvre de réunification des cinq villages frères. Ils décidèrent de s’installer sur un site neutre et devaient trouver un nom qui soit unificateur. Tous furent d’accord pour porter le nom de leur tribu, Zattry. Et c’est au final la réunion de tous les frères zattrois qui produisit quelque chose de grand comme GRAND ZATTRY. Ce n’est qu’à sa sortie de prison à la fin des années soixante que DAGROU Maurice découvrit les cinq villages frères réunis comme les cinq doigts d’une main.

Buyo

L’histoire de Buyo forme un diptyque entre le peuple Kouzié et les Bété de Loblé. La migration des Guéré et des Gnamboua sur la rive du fleuve Sassandra aurait donné naissance au peuple Kouzié vivant dans les villages actuels de Tchétaly et Wonséaly. Un chasseur d'éléphants nommé MAZIE Gla Wanda Véto, venu d'un village d'Issia appelé alors Loboa, aurait découvert le fleuve Sassandra. Installé sur les bords de ce fleuve, ses descendants constitueront les Bété du canton de Loblé. De la rencontre de ces deux peuples naquit Buyo. Pour les Kouzié, Buyo serait une déformation de «M’biyo», qui signifie en leur langue : «J’ai erré et ai finalement atterri ici». Kussia, le seul survivant de sa famille, aurait prononcé cette parole en arrivant sur le fleuve Sassandra, après une longue marche, sans doute à la recherche d’un lieu pour s’installer. Il aurait été le premier occupant de cet endroit appelé aujourd’hui Buyo. Selon les croyances des Kouzié, les esprits seraient les vrais propriétaires de la terre. En conséquence, le franchissement de la frontière qui sépare ces deux mondes est dangereux. C’est pourquoi une portion de forêt vierge appelée « forêt sacrée » est réservée à ces esprits à proximité du village, ce qui permet également la sortie des masques.

Méagui

Le nom de cette localité signifie en langue Bakoué «le village des descendants de Mé». Mé est le nom de l’ancêtre et Agui veut dire «les enfants de» Mé et ses enfants vivaient autrefois en bonne intelligence avec les Bétés de Gbalebouo. Un jour, suite à des mésententes, les deux peuples durent mettre un terme à leur cohabitation. Et puisqu’ils étaient en nombre inférieur, Mé et ses enfants prirent la fuite, aidés dans leur traversée du fleuve Sassandra par un génie. Celui-ci se transforma en silure géant qui permit à Mé et ses enfants de passer de l’autre côté du fleuve, échappant ainsi à la furie de l’adversaire. C’est en reconnaissance à ce génie protecteur, appelé Taouin, que les enfants de Mé ne mangent plus de silure jusqu’à ce jour. La tribu de Mé (MEAGUI) est composée de Téréagui, Nititoagui, Négréagui et Nagboagui. Cette localité a connu au cours des dernières années un rapide développement dû à l’essor économique de ses ressources forestières (cacao, café, hévéa) et à son organisation socio-politique collégiale qui associe aux prises de décisions, allochtones et allogènes.

Gueyo

Les autorités traditionnelles racontent que l’origine de Gueyo remonte à la rencontre avec le colon. Il demanda aux quelques personnes restées au village ce jour-là, puisque la plupart d’entre eux étaient au champ, quel était le nom de leur village. L’interrogation du visiteur fut comprise autrement et il reçut de la part des villageois la réponse suivante : «Aguéï youha» («Ce sont les enfants d’Aguéï»). Le colon écrivit ce qu’il entendit. Et ce qu’il entendit fut Gueyo. Les enfants d’Aguéï seraient issus du pays Dida, très exactement de Lakota à 52 km de Gueyo. Ils ont pour symbole «Douè», un singe qu’ils décrivent comme étant noir à la barbe blanche. Depuis le jour où ce mammifère aida, en pleine forêt, une femme de la tribu à accoucher, il naquit un pacte entre «Douè» et les enfants d’Aguéï. Ceux-ci ne devraient jamais manger la viande de «Douè», leur symbole. À cet interdit s’ajoute un second, le cœur de palmier, c’est-à-dire la partie centrale du stipe des palmiers. S’il arrivait à un enfant d’Aguéï de consommer cette partie du palmier, il encourait le risque de devenir fou. Les terres de Gueyo présentent des ondulations féminines de toute beauté. Les enfants d’Aguéï sont sensibles au beau, au point d’attribuer à un site de la localité le nom de « Gossoko » qui, en langue Godié, veut dire beauté.

Les migrations

La Nawa est un carrefour migratoire, une terre de brassages culturels et ethniques. Le peuplement de la Région de la Nawa remonte au début du XVIIIème siècle avec à l’origine, la migration de 2 grands courants migratoires : Nord-Sud en provenance du pays Wê et Est-Ouest en provenance du pays Bété.

Au travers de ces migrations successives, la NAWA s’est peuplée de différentes ethnies issues du grand peuple Krou.

Les Bété

Les Bété sont implantés dans les Sous-préfectures de BUYO, GRAND ZATTRY et OKROUYO. Ils sont présents sur un territoire plus vaste que la NAWA, dans une grande partie de l’Ouest ivoirien (Sassandra et Gôh). Les pratiques et habitudes culturelles sont similaires, les migrations et les mariages ayant participé à la transmission et à l’uniformisation des cultures. Les Bétés, primo-habitants de la région, venant de Sassandra, se sont installés dans 3 villages (Degbayo, MAYO et G bazébré), réunis ensuite dans la commune de SOUBRÉ (à l’origine Soubouo) près du fleuve NAWA, vivant de la chasse et de la pêche.

Les Bakoué

les Bakoué sont essentiellement implantés dans le département de MÉAGUI ;

Les Kouzié

les Kouzié sont concentrés dans le département de BUYO ;

Les Godié

Les Godié sont présents dans le département de GUEYO.

Les figures de la Nawa

Certains personnages ont marqué l’histoire de la Nawa et font partie intégrante de son patrimoine.

GBAKA LEKPA

Vers 1900 - 1952

Originaire du village de Zakoa, il était chef du canton Gbogbouo, mais également chef suprême de tous les cantons de Soubré au début du XXème siècle. Ce territoire connu alors une grande prospérité et une stabilité que garantissait une armée forte. Puissant et doté d’une grande sagesse, GBAKA LEKPA repoussa les frontières du peuple Bété jusqu’au pays Bakoué. Il représente aujourd’hui encore, la figure emblématique du vaillant guerrier.

Marie KORE

Vers 1912 - 1953

De son nom de jeune fille ZOGBO CEZA GALO Marie, elle est née dans le village de Gossa. Elle représente une figure historique féminine de la lutte émancipatrice de la Côte d'Ivoire à l'aube de son Indépendance. Femme de stature nationale, elle fut souvent citée par Félix HOUPHOUËT-BOIGNY avec RAGGI Anne Marie, Marguerite SACOUM ou Odette YACE pour la lutte menée aux côtés des hommes pour asseoir la naissance du PDCI-RDA. En décembre 1949, elle prit la tête des femmes en marche vers le palais du Gouverneur PÉCHOUX et la prison de Grand Bassam pour exiger la libération de leurs maris, dont son compagnon SERY KORE René, responsables politiques au PDCI-RDA, emprisonnés sans jugement, par les forces coloniales. Figurant parmi les premières amazones et pilier incontournable de l'histoire politique, on trouve son effigie sur un billet de banque de 1000 FCFA mis en circulation dans l’espace UEMOA, par la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO).

Charles Bauza DONWAHI

1926 – 1997

Homme politique figurant parmi les plus respectés de Côte d’Ivoire, il est né le 15 janvier 1926 à Zepeoua, un quartier de la commune de MAYO. Il est décédé le 2 août 1997 à ABIDJAN. Durant ses études en Côte d’Ivoire, il aura d’importantes fonctions syndicales. Puis, après avoir obtenu deux diplômes d’ingénieur en France, il intègre le groupe CFAO en 1954 où il occupera différentes fonctions de direction, obtenant en 1971 le poste de Président Directeur Général (PDG). Très attiré par la politique, il participe activement à la fondation du mouvement de la Jeunesse du RDA (JRDACI), Section Côte d’Ivoire. Il entre au comité-directeur du PDCI-RDA en 1959, et est appelé à occuper ses premières fonctions publiques en tant que Secrétaire d’état à l’Agriculture chargé spécialement de la recherche scientifique. En 1961, il est nommé Ministre de l’Agriculture et de la Coopération. En 1970, il fait son entrée au Bureau Politique du PDCI-RDA et est élu au Parlement. Il devient Membre du Comité Central du PDCI-RDA à partir de 1990. Son mandat parlementaire sera régulièrement renouvelé et il occupera successivement diverses fonctions à l’hémicycle notamment, celles de Rapporteur Général de la Commission des Affaires Économiques et Financières de 1970 à 1980 et Président de la Commission des Affaires Sociales et Culturelles de 1980 à 1990. Il devient Vice-président de l’Assemblée Nationale en 1990, puis prend la Présidence de cette même institution, le 5 janvier 1994. Resté toujours très attaché à sa Région, Charles Bauza DONWAHI fut le réalisateur et le maître d’œuvre de nombreux équipements à Soubré et Mayo, dans le souci de participer au développement économique et social.

Marcel Zadi KESSY

1936 - 2020

Né en 1936 à Yacolidabouo, dans le département de S OUBRÉ, Marcel Zadi KESSY fait des études d’ingénieur des techniques d’équipement rural et entame une carrière administrative. Au début des années 1970, il quitte le secteur public ivoirien pour la Société de Distribution d’Eau de Côte d’Ivoire (SODECI). Il en devient Président Directeur Général en 1985. En 1990, il est également nommé Président Directeur Général de la Compagnie Ivoirienne d’Électricité (CIE), tout juste privatisée. Président du Conseil Économique et Social (CES) depuis mai 2011, c'est un fervent défenseur d’un management « à l’africaine ». Il est préoccupé par le développement du monde rural, et particulièrement celui de la Nawa. Il prône la participation active des communautés bénéficiaires, à la conception, à la mise en œuvre et à la gestion des équipements collectifs et des projets productifs pour combattre efficacement la pauvreté. Il applique cette vision à son village pour le placer comme un modèle du développement moderne.